Espèce longtemps éteinte en Suisse, la loutre d’Europe repeuple peu à peu nos régions. Pour qu’elle y reste, elle a besoin de cours d’eau et de berges propres lui permettant de se cacher.
La loutre vit le long de berges naturelles et verdoyantes, où la nourriture abonde et où elle peut trouver des abris pour se cacher. Cela peut être un ruisseau, une rivière, un lac, un étang ou le bord de la mer. Elle est capable de creuser elle-même un terrier mais préfère aménager ceux qui ont été abandonnés par d’autres animaux (castors, blaireaux, renards, par exemple). Le territoire du mâle peut s’étendre sur 2 à 40 kilomètres de berges. Sa dimension dépend de la quantité de gibier à disposition.
La loutre se nourrit exclusivement de petits animaux. Sa préférence va aux poissons, mais elle ne dédaigne pas les grenouilles, les écrevisses, les rats, les souris ou les oiseaux aquatiques. Elle consomme environ 1 kg de nourriture par jour. Elle passe chaque jour entre trois et cinq heures à chasser. Elle possède une très bonne vue, même sous l’eau. Quand il fait nuit ou que l’eau est trouble, elle se sert toutefois de ses vibrisses (moustaches rigides), très sensibles aux vibrations, pour trouver du poisson. Comment? Dès qu’un poisson se déplace, il forme des vaguelettes. La loutre les détecte et sait immédiatement où se trouve sa proie.
Les loutres sont des animaux solitaires et chacune a son propre territoire. C’est uniquement pendant la période d’accouplement que mâle et femelle passent un peu de temps ensemble.
La femelle met au monde ses petits après une période de gestation de deux mois. Une portée compte le plus souvent entre deux et trois loutrons. Ils naissent dans une tanière appelée catiche et leur mère est seule à s’en occuper. Les premiers jours qui suivent la naissance, elle reste auprès de ses petits pour les réchauffer. Peu à peu, elle va quitter la tanière de petits moments pour aller chasser. Ce n’est que vers l’âge de dix semaines que les loutrons commencent à se risquer dehors.
Pour survivre, les loutres ont besoin d’eaux propres et de rives non polluées où elles peuvent trouver des endroits où se dissimuler. De nombreux ruisseaux et rivières ont été canalisés, endigués ou bétonnés, de sorte que les loutres ne peuvent plus se dissimuler sur les berges dénaturées ou détruites.
Le WWF mène des projets de revitalisation des cours d’eau. Revitaliser une rivière, c’est lui redonner vie, par exemple en la libérant de son lit de béton. Dans certains cas, il faut enlever le béton au moyen d’une pelleteuse, mais parfois il se désagrège de lui-même avec le temps. Le ruisseau ou la rivière retrouve alors ses berges de sable ou de cailloux, son lit s’élargit. Peu à peu, des plantes vont se mettre à pousser. Avec le temps, les animaux vont eux aussi faire leur retour, car ils y trouveront de quoi se nourrir. Galets, bois mort et souches leur permettront de se dissimuler.