Dotés d’un très bon odorat et d’une excellente ouïe, les lynx ont une vision six fois supérieure à la nôtre. Il y a longtemps, ces félins aux oreilles en pinceaux vivaient un peu partout en Suisse, avant de disparaître. Depuis les années 1970, le lynx d’Eurasie revient progressivement.
Outre le lynx commun, ou lynx d’Eurasie, il existe trois autres sous-espèces de lynx. Le lynx roux, le plus petit de tous, vit en Amérique du Nord. Le lynx du Canada est présent au Canada, en Alaska, et dans le nord des Etats-Unis. Son pelage est brun argenté l’hiver et brun rougeâtre l’été. Le lynx ibérique, ou lynx pardelle, n’existe plus qu’en Espagne. Ses poils sont plus courts que ceux du lynx d’Eurasie, et son pelage est moins épais.
On ne rencontre en Suisse que le lynx d’Eurasie. Il vit principalement dans de grandes forêts d’un seul tenant et en montagne. En espagne, le lynx ibérique n’habite généralement pas dans la forêt. Il a besoin d’un paysage diversifié avec de la brousse, des zones boisées et des terrains dégagés.
Les lynx chassent le soir et la nuit. Leur gibier se compose de chevreuils, de chamois et, de temps en temps, de lièvres ou d’écureuils. Si la proie parvient à s’enfuir, le lynx ne va pas s’épuiser à tenter de la poursuivre. Lorsqu’il en a repéré une, il s’en rapproche à pas feutrés, se jette sur elle, la saisit à l’aide des griffes acérées de ses pattes antérieures et la tue d’une morsure à la gorge. Après quoi, il la dévore en commençant par l’arrière-train. Mais il ne le fait pas en une seule fois. Il cache son butin sous la neige ou les feuillages et revient ensuite s’alimenter plusieurs fois.
Le lynx est un animal solitaire, qui vit sur un territoire bien déterminé. La dimension de celui-ci dépend de la nature du paysage, du gibier à disposition et du nombre de lynx qui vivent dans la région. Pour en écarter ses congénères, le lynx marque son territoire par des jets d’urine et par des griffures sur les arbres, où il se frotte pour laisser son odeur.
Les femelles ne tolèrent la présence de mâles sur leur territoire que pendant la période de reproduction, qui dure de janvier à avril. Mais les couples ne se forment que pour quelques jours.
A la fin du printemps ou au début de l’été, la femelle met au monde un à quatre petits – généralement deux – à l’abri d’un tronc d’arbre renversé ou d’une cavité rocheuse. A la naissance, ils sont encore aveugles. Leur mère les allaite pendant quelques semaines, avant de commencer à les initier à la chasse.
Après dix mois, le territoire maternel sera devenu trop exigu pour que chacun y trouve suffisamment de gibier. Les jeunes lynx devront alors quitter leur mère pour se mettre en quête d’un nouveau territoire et se débrouiller pour subsister par leurs propres moyens. Tous n’y parviennent pas. Un grand nombre d’entre eux ne survivent pas à la première année.
Autrefois, des lynx vivaient un peu partout en Suisse. Mais l’abattage de vastes surfaces de forêts a peu à peu fait disparaître leur gibier, de sorte qu’ils ont commencé à tuer des moutons et des chèvres. Les hommes se sont alors mis à le pourchasser.
En 1904 le dernier lynx a été aperçu sur le col du Simplon. Il n’y a plus eu aucune trace de ce félin ensuite en Suisse. Des années ont passés jusqu’à ce que les êtres humains se décident à protéger les forêts. Dans les années septante, quelques lynx furent réintroduits en Suisse. On en recense aujourd’hui près de 160, répartis dans trois régions du pays: la partie nord-ouest des Alpes, le nord-est de la Suisse, ainsi que le Jura.
Les lynx qui vivent dans les régions alpines restent menacés. Pour assurer leur survie, il faudrait qu’ils puissent se reproduire avec des congénères qui habitent dans les autres régions, ce qui reste difficile car les rivières, les hautes montagnes, les autoroutes et les villes constituent des obstacles qui les empêchent de se déplacer d’une région à l’autre.
Le WWF s’engage en faveur du lynx depuis 1991. Pour le protéger efficacement, il faut pouvoir le suivre attentivement. Pour cela, certains d’entre eux sont brièvement capturés et équipés d’un collier muni d’un émetteur. Grâce à ce dispositif, les chercheurs peuvent en apprendre davantage sur le comportement et le mode de vie de cet animal. Ils peuvent comprendre, par exemple, pourquoi les effectifs n’augmentent pas ou évaluer le nombre de décès.
Le WWF fournit en outre des informations sur le lynx en vue d’inciter les gens à mieux accepter sa présence. Il contribue aussi à la protection des moutons et des chèvres au moyen de clôtures électrifiées et de chiens gardiens de troupeau.